Les Rosati, prix anacréontique

L’amour du vin

Je respire le sous-bois et l’humidité des feuilles,
La brume alcoolisée m’enivre doucement.
Je suis le verre, un reflet de bougie,
Le grenat d’un Merlot que nous partageons ensemble.
Un clair-obscur Syrah éclaire ton visage,
Je sens que tu me devines d’un fumet de cassis,
De la pierre à fusil illumine tes yeux,
Je suis ton Chardonnay mordoré de désir.
Mon sourire te caresse et le nectar me transperce,
Un frisson d’amour nous relie tous les deux,
Je suis le vin que tu bois sur mes lèvres trempées,
À la cuisse amollie et la rondeur divine.
Rosée d’un matin sur un cristal diaphane,
Ton palais devine mon impatience,
Mon premier bouquet a le goût du printemps.
Je suis long dans ta bouche,
Tu m’allonges sur ta couche,
Le vin décuple mes ardents baisers,
L’odeur de la paille avive nos émois.
Je suis en toi et tu t’enroules,
Liane amoureuse d’un céleste transport,
Nos sens explosent d’un champagne rosé,
Et ses bulles nous inondent d’une extase aérienne.
La bouteille est vide et nos corps sont repus,
La douce ivresse se repose alanguie
Et je rejoins ma vigne toujours recommencée.

Quand le vin est tiré, il faut toujours le boire.

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